GÉOPOLITIQUE DE L’ART CONTEMPORAIN

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Conférence-signature GÉOPOLITIQUE DE L’ART CONTEMPORAIN

Lundi 26 février 2024 à 18h30 – Accueil à partir de 18h 
9, avenue Franklin D. Roosevelt – Paris 8e

La conférence, initiée par Monsieur Yvon Raak, administrateur de France-Amériques, Président de la Section Culture,  a été suivie d’un verre amical.

Marqueur de puissance, l’art mesure la puissance d’un pays, son pouvoir d’attraction et sa place dans le monde.
Dans l’Italie de la Renaissance, les Médicis faisaient appel aux artistes les plus importants de l’époque pour montrer qu’ils étaient les plus puissants, aussi bien chez eux qu’à l’étranger. Le château de Versailles, c’est aussi du soft power : il faut montrer la magnificence de la France.

Surtout depuis 1945, les États-Unis ont voulu entretenir l’influence qu’ils avaient gagnée à la faveur des deux conflits mondiaux, la prolonger à travers la culture, le cinéma, les arts plastiques. L’art contemporain, c’est visuel, cela peut se transporter, s’échanger, se montrer dans des expositions.
Les États-Unis ont été les premiers à comprendre qu’au-delà de la promotion de l’artiste, il y avait un marché ; que l’on pouvait vendre ces artistes auprès des musées, auprès de collectionneurs influents aux États-Unis mais aussi en Europe ; que ces œuvres pouvaient ensuite faire l’objet d’échanges, notamment dans les ventes aux enchères.. C’est aussi le meilleur soft power possible : la valeur économique vient s’ajouter à la valeur symbolique. Cinquante ans plus tard, la scène américaine reste le modèle que l’on scrute, que l’on recherche, que l’on achète — que ce soit à travers les ventes aux enchères à New York, ce que montre le Museum of Modern Art (MOMA), les grandes expositions des galeries newyorkaises ou, surtout, les plus grands collectionneurs.

Sur un marché annuel de l’ordre de 60 Milliards de dollars, les USA en représentent presque la moitié.

Très puissante sur le marché de l’Art moderne au début du XXe siécle, la place de Paris a raté ce développement en voulant, à partir de 1945, jouer la carte de l’exception française. Elle a mis en avant des artistes qui étaient adaptés aux musées, avec une image intellectuelle, mais qui pouvaient être difficilement « digérés » par le marché. À cela venait s’ajouter le pouvoir très fort de l’État, le manque de collectionneurs d’avant-garde et la prépondérance de conservateurs anti-américains.
La France a désormais des collectionneurs d’avant-garde (Bernard Arnault, François Pinault ), un grand musée (le Centre Pompidou), des institutions privées (Fondation Louis Vuitton, Bourse de Commerce), une foire renommée (Art Paris), des galéristes pointus,….
Elle peut aussi se prévaloir de son savoir-faire institutionnel. Elle exporte notamment ses musées. Le Centre Pompidou a ouvert en 2019 une antenne à Shanghaï (il en existe déjà une à Malaga et une est en préparation à Bruxelles). Fin 2017, le Louvre a lui aussi ouvert une branche à Abou Dhabi. Est-ce, pour la France, une Renaissance ?

Intervenante :

Nathalie Obadia, galeriste, spécialisée dans l’art contemporain. Elle possède deux galeries à Paris et une à Bruxelles et représente quelques grands noms de la scène artistique internationale.

Elle enseigne également à Sciences Po Paris.

Elle est l’autrice de Géopolitique de l’art contemporain, une remise en cause de l’hégémonie américaine ? Éditions Le Cavalier Bleu.

Photos galerie © Vincent Baillais

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