Le décès brutal de notre ami Jacques ANDREANI, survenu le 25 juillet dernier, sonne comme la fin d’une période dans l’histoire de la politique étrangère française. Jacques ANDREANI n’était pas seulement une grande figure du Ministère des affaires étrangères où il a occupé de nombreux postes de responsabilité, il était surtout l’un des meilleurs experts de la diplomatie de notre pays et un fin analyste des relations internationales.
Elevé à la dignité d’Ambassadeur de France, Jacques ANDREANI fait partie de la génération d’hommes et de femmes qui ont travaillé à construire un équilibre entre grandes puissances pendant la guerre froide, tout en mettant sur pied l’Europe. Trop jeune pour combattre au cours de la Seconde Guerre mondiale, il était né en 1929, mais assez mûr pour avoir la soif d’un monde en paix. En sortant de l’ENA, il décide d’être diplomate et est très rapidement envoyé dans l’Amérique d’EISENHOWER.
Grand connaisseur des Etats-Unis pour y avoir commencé et terminé sa carrière comme ambassadeur, il avait également servi à Moscou. Jacques ANDREANI était un expert des relations Est-Ouest et des questions de désarmement. A cela, il faut ajouter son passage à l’OTAN et à la CSCE, mais aussi son premier poste d’ambassadeur au Caire en 1979, peu de temps après les accords de Camp David. En Egypte, alors la plus puissante des nations arabes, ce sera l’occasion de rencontres avec le Président SADATE, Sœur EMMANUELLE et de nombreux leaders du monde arabe. On retrouve bien là les sujets majeurs de la politique étrangère auxquels ont été confrontés les Gouvernements dans la seconde moitié du XXème siècle.
Derrière le diplomate, il y avait le jeune étudiant de Science-po, camarade de promotion de Michel ROCARD, puis le haut-fonctionnaire à la sensibilité démocrate chrétienne qui défendait l’utopie européenne dès 1948. Cette dimension européenne n’était jamais absente de la réflexion de Jacques ANDREANI. Même après l’échec du référendum sur la constitution européenne en 2005, il dira : « la volonté de persister ne doit pas être inhibée par le désir de donner prématurément une définition trop précise du système auquel on finira, nous l’espérons, par aboutir ».
Au-delà de tout, il y avait Jacques ANDREANI « le français ». Pour ce pur produit de la méritocratie républicaine, les valeurs françaises étaient le socle qui permettrait à notre pays d’affronter le présent. Ceci explique que dans son dernier ouvrage Identité française, il rappelle les valeurs et la mission de la France au sein de l’Europe et au sein du monde.
Le hasard fait que Jacques ANDREANI s’en va au moment où l’Europe se cherche toujours et encore, et à un moment où la mission des diplomates est sensiblement éloignée de ce qu’il a connu : diplomatie économique, tourisme, protection de la planète.
Depuis de nombreuses années, Jacques ANDREANI présidait la section Etats-Unis au sein de France-Amériques qu’il animait avec rigueur, compétence et enthousiasme avec toujours de nombreux projets.
Indiscutablement, Jacques ANDREANI était de la race des hauts-fonctionnaires engagés, loyaux, dotés d’une puissante culture et d’une exceptionnelle capacité de réflexion ; le tout au service d’un seul objectif : servir l’Etat et la France !
Jean-Luc FOURNIER
Président de France-Amériques